Niveau record des stocks de pétrole aux USA : vers une baisse des prix ?

Le 12 juin, les réserves américaines de pétrole ont atteint un sommet historique. Logiquement, cette situation devrait entraîner une baisse des prix des produits dérivés du brut. Mais il faut toutefois relativiser cette perspective.

Il y a quelques semaines, alors que le prix du baril de pétrole était au plus bas et que les stocks étaient totalement saturés, certains traders n’hésitaient plus à vendre le baril à perte. Cela leur coûtait en effet moins cher que de stocker ce pétrole excédentaire, étant donné que les lieux de stockage se raréfiaient et devenaient donc plus coûteux.

Des réserves historiquement élevées

Il semble que l’on assiste de nouveau à une inflation importante des stocks de pétrole aux USA. Ceci est sans doute dû à la poursuite de la pandémie causée par le nouveau coronavirus. En effet, si de nombreuses régions du monde commencent à reprendre une vie normale après la crise du Covid-19, ce n’est pas encore vraiment le cas aux États-Unis, où la maladie continue de se propager.

La consommation de pétrole connaît donc toujours en baisse importante et, malgré la limitation tout aussi considérable de la production depuis le mois de mars, les réserves de brut ont tout de même grimpé pour atteindre un niveau historiquement élevé. Le dernier rapport de l’AIE (Agence internationale de l’énergie) fait ainsi état d’une augmentation de 1,2 million de barils des réserves de brut américaines. Celles-ci s’établissent à 539,3 millions de barils.

Un impact sur les prix ?

On constate généralement une baisse des prix lorsque les réserves américaines tendent à se remplir. En effet, cela signifie généralement que la demande est en baisse, alors que l’offre n’a pas encore eu le temps de s’adapter. Le déséquilibre offre-demande conduit ainsi à une baisse des prix.

Toutefois, au cours des dernières semaines, le cours du baril de WTI (référence du marché américain) n’a pas réellement baissé, au contraire :

• 34,09 $ le 27/05 ;

• 37,24 $ le 05/06 ;

• 35,69 $ le 12/06 ;

• 39,16 $ le 19/06.

C’est donc bien plutôt à une augmentation des prix du baril que l’on assiste.

Différents facteurs à prendre en compte

Si cette situation peut surprendre, il faut toutefois prendre en compte différents éléments pour bien la comprendre. Tout d’abord, il est possible qu’un certain délai soit nécessaire avant qu’une annonce récente comme celle-ci produise ses effets.

En outre, une autre annonce a éclipsé celle sur la hausse des stocks de brut américain. Il s’agit de la décision de l’OPEP+ de poursuivre durant le mois de juillet sa limitation de la production de pétrole. Décidée à la mi-avril, celle-ci est également historique puisqu’elle réduit de 10 millions de barils par jour la production des membres de l’OPEP. Un chiffre considérable.

Le fait que l’offre reste limitée tout au long du mois de juillet, alors que la demande repart à la hausse et continuera en principe à augmenter, a eu tendance à soutenir le cours du pétrole. Dans ce contexte, les réserves américaines peuvent bien être historiquement élevées, cela ne suffit pas, pour l’instant, à faire baisser les prix.