Le colza pour garantir un avenir au fioul ?
Publié le 20/08/2020 à 10h00
Menacée par la volonté du gouvernement d’interdire l’installation de toute nouvelle chaudière au fioul à partir de 2022, la filière fioul cherche à rebondir avec le développement des biocarburants produits à base de colza.
La récente annonce du ministère de la Transition écologique, à la suite du Conseil de défense écologique, d’interdire l’installation de nouvelles chaudières au fioul s’apparente à un coup dur pour les acteurs de la filière du fioul. En 2018, Édouard Philippe, alors premier ministre, affirmait déjà la volonté du gouvernement de sortir du chauffage fioul individuel d’ici 10 ans.
Le fioul alimente aujourd’hui trois millions de maisons individuelles et 400 000 logements collectifs. Le secteur emploie 15 000 personnes. Une interdiction pure et simple des chaudières au fioul constituerait un coup dur, alors que la filière expérimente des alternatives plus écologiques au fioul issu du pétrole.
Moitié moins de gaz à effet de serre
Désireux d’accompagner cette transition, et de sauver ce qui peut l’être, les professionnels espèrent encore un avenir à travers le colza. Des chercheurs travaillent depuis plusieurs années à une variante plus écologique du combustible. Il s’agit d’un biofioul qui intègre environ un tiers de colza, une ressource renouvelable.
Au début de l’année 2019, les principales fédérations professionnelles concernées ont exposé un nouveau plan stratégique visant à remplacer progressivement le fioul de nature fossile par du biocarburant de chauffage dès 2024. Ce fioul domestique à base de colza réduirait de 50% les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère par rapport à un fioul d’origine exclusivement fossile.
L’accélération voulue par le gouvernement ne risque-t-elle pas de réduire à néant ces nouvelles ambitions ?
Fixer des objectifs plutôt que condamner un produit
Suite à l’annonce du gouvernement, le secteur a souhaité réagir. Pour ses représentants, il sera possible d’installer des chaudières à « biofioul » après l'entrée en vigueur des restrictions gouvernementales dans deux ans.
En effet, l’interdiction se traduirait dans la loi par la fixation de nouveaux seuils en matière de consommation ou d’émission pour les installations de chauffage. Elle ne viserait donc pas nommément des chaudières au fioul, mais tout type de chauffage ne pouvant pas respecter les seuils.
Dès lors, pour la filière, les installations de chaudière au biofioul respectant les nouvelles limitations pourraient encore être autorisées. Les chaudières existantes pourraient elles-mêmes être adaptées pour accueillir ce combustible à base de colza. Tout n’est donc pas perdu pour le secteur du fioul.
Il sera intéressant de suivre dans les mois à venir comment cette interdiction va s’appliquer ainsi que les avancées dans le développement de ce bio-combustible.
Le remplacement des chaudières au fioul sera toutefois progressif et s’étalera sur plusieurs années. Le secteur doit cependant parvenir à opérer sans tarder une transition énergétique profonde s’il veut continuer à avoir une place à côté des autres énergies de chauffage.