Comment les producteurs de pétrole ont-ils réagi à la crise du Covid-19 ?
Publié le 08/07/2020 à 15h00
Dès le début de la crise du coronavirus, le cours du pétrole s’est effondré. Pour faire face à cette situation, les pays producteurs ont eu des réactions variées. Nous faisons le point sur les différentes stratégies adoptées.
Le pétrole constitue, pour la plupart des pays producteurs, un enjeu économique très important. Mais il s’agit aussi d’un levier stratégique pour atteindre d’autres objectifs. Lorsqu’une crise comme celle du Covid-19 se déclare, on assiste donc parfois à des prises de bec entre pays producteurs, qui adoptent des stratégies différentes afin de servir leurs intérêts.
Une énorme baisse de la demande
En matière de crise, celle du Covid-19 est particulièrement sévère. Ses retombées sur l’économie mondiale ont en effet été très importantes. Pour limiter la propagation de la maladie, la seule approche efficace s’est avérée être le confinement. Des millions de travailleurs, d’abord en Chine puis dans le monde entier, ont ainsi été contraints de rester à leur domicile, leurs déplacements étant par ailleurs limités à l’essentiel.
Pour l’industrie pétrolière, ce confinement systématique a eu des effets catastrophiques : la demande a plongé alors que l’offre restait abondante. En raison de la loi de l’offre et de la demande, les prix du pétrole ont alors chuté jusqu’à un niveau qui n’avait plus été atteint depuis de nombreuses années.
L’Arabie Saoudite fait cavalier seul
Pour les pays producteurs de pétrole, il fallait réagir, sous peine de voir leurs marges fondre comme neige au soleil. Ceci étant dit, tous les pays n’étaient pas égaux face à la situation. En effet, produire du pétrole en Russie ou aux États-Unis est plus coûteux qu’au Moyen-Orient.
Dans les premiers mois de la crise, dans le but d’affaiblir la Russie et de convaincre le pays d’accepter un accord global de réduction de la production, l’Arabie Saoudite a ainsi décidé d’inonder le marché d’un pétrole vendu à prix cassé. Au vu de ses réserves et du coût de production du brut dans ce pays, l’Arabie Saoudite pouvait en effet se le permettre. Cette décision a contribué à faire encore baisser le prix du pétrole, asphyxiant littéralement certains pays producteurs.
Un accord global de l’OPEP+
Finalement, l’Arabie Saoudite est arrivée à ses fins : la Russie et les autres pays membres de l’OPEP+ ont décidé de réduire ensemble leur production de pétrole de plus de 10 millions de barils par jour, une réduction drastique, représentant près de 10% de la production mondiale.
Cette décision, conjuguée à la reprise de l’activité économique dans certaines région du monde, a permis de mettre un terme à la baisse de prix qui était constatée depuis le début de l’année. Depuis lors, on a toutefois constaté que les prix repartaient de nouveau à la baisse, sans doute parce que la situation sanitaire reste délicate dans de nombreuses régions du monde et qu’une deuxième vague n’est pas exclue.
Et les États-Unis ? Premier producteur mondial de pétrole, les États-Unis ont également réduit leur production durant cette période. Il faut dire que le coût de production et de stockage du pétrole y est très élevé : le pays n’avait donc pas intérêt à surproduire. |
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